nourriture physiologique

Agriculture et alimentation

Bonjour à toutes et à tous,

Je reprends ici un fil de discussion commencé sur le Forum de l’ITAN dans le sujet : « Une maladie… Que faire en A.Naturelle ? ».

La question posée par l’un des élèves était la suivante :

« penses tu que la nourriture tiré de l’élevage est compatible avec notre dessein d’humain »

Je m’intéresse et me forme en ce moment à l’approche hygiéniste de la santé et en particulier de la nutrition (merci vivrecru.org). Le but général de ce courant étant de définir ce qui est physiologiquement adapté à notre organisme humain, tant d’un point de vu alimentaire que comportemental.

Le sujet peut sembler assez éloigné de l’agriculture, mais pourtant, le lien entre l’alimentation et la production de nourriture est fondamental. Ne serait-ce que pour le producteur qui désire s’adapter au consommateur.
Suivra t-il les petits désirs égotiques de ce dernier quitte à ruiner sa terre pour des questions d’argent, ou cherchera t-il à produire une nourriture de qualité en prenant en compte la santé de ses clients ?

Les hygiénistes nous exposent que le mot « omnivore » signifie que nous sommes capables de manger un peu de tout sans tomber malade. Ce qui est exacte.
Mais au sens strict, biologiquement parlant, quoi que potentiellement omnivores, nous sommes avant tout des frugivores. Autrement dit, nos organes d’assimilation des nutriments sont parfaitement adaptés à un régime composé essentiellement de feuilles tendres et de fruits biens mûrs, ce à quoi s’ajoutent quelques racines, un peu de viande, des œufs, et des insectes ou larves d’insectes trouvés de manière opportuniste.

Ça ce sont les données objectives. Mais l’homme est un animal subjectif et culturel, et quoi que bien plus rentable économiquement et plus sain pour sa santé, la consommation d’insectes n’est pas encore d’actualité en France. Et comment résister à une bonne tranche de jambon Corse ou à un petit verre de vin rouge me direz-vous ? J’en conviens, ce sont des petits plaisirs de la vie dont il serait difficile de se passer définitivement.

Autant dire que c’est l’ensemble de notre mode alimentaire qui doit être revus et corrigé si nous désirons nous conformer à cette notion de nourriture physiologique. A partir des prémices de l’hygiénisme, nous pouvons même nous poser la question : la nourriture cuite est-elle adaptée à nos organes de la digestion et de l’élimination des déchets ?

Selon une étude scientifique récente, si plus de la moitié de ce que nous mangeons à été cuit, alors le corps ne peut plus gérer l’excès de toxines qui stagne dans l’organisme. Il considère alors la nourriture comme un corps étranger et la traite comme tel.

En effet, la cuisson tend à dénaturer les aliments en favorisant les réactions chimiques. Une cuisson lente et à base température sera plus à même de conserver intactes les vitamines et les oligo-éléments, qu’une cuisson rapide au point d’ébullition. Sous l’effet de la chaleur, les produits se déshydratent (or c’est l’eau qui transporte les nutriments), et surtout, les molécules directement assimilables par le corps sont transformées en chaines plus longues dont le corps ne saura que faire.

En ce qui concerne les protéines, depuis leur découverte, les scientifiques en ont fait grand cas au point de créer une sorte de mythe moderne : « il faut manger beaucoup de protéines pour être en bonne santé ! ».

Il est pourtant démontré scientifiquement que pour un adulte, l’apport calorique moyen idéal se situe aux alentours de 80% de sucres, 10% de lipides et 10% seulement de protéines. De plus, ce ne sont pas vraiment des protéines dont le corps à besoin, mais bien plutôt d’acides aminés dont leurs chaines carbonées parfois très longues sont constituées. Et qui dit « très longue » dit aussi « très coûteuses en énergie pour être décomposées ».
Un excès de protéines épuise donc les organes internes comme le foi, les reins et indirectement le cœur.

Même si ces arguments sont trop nébuleux ou compliqués pour vous convaincre, voici un exemple qui parlera à tout le monde sans chichis : dans le lait maternel, le pourcentage de protéines est en dessous des 10%. Pourtant, les nourrissons élevés au sein ont une croissance normale. Voir même exceptionnelle quand on mesure la vitesse à laquelle ils grandissent.

Il ne s’agit pas ici de faire tout un exposé sur la physiologie humaine, mais juste de montrer que les modifications de notre mode de vie ont, au fil des millénaires, entrainé l’espèce humaine à s’éloigner du régime alimentaire de base qui était le sien. Ce qui expliquerai que malgré les avancées spectaculaires de la connaissance scientifique et des technologies médicales, nous connaissons actuellement une recrudescence de maladies dites « dégénératives » ou encore « auto-immunes », contre lesquelles nous sommes bien désarmés.

Je reviens donc à la question initiale, car elle est bien plus complexe qu’il n’y parait au premier abord : la nourriture tiré de l’élevage est-elle compatible avec notre dessein d’humain ?

Combien d’agriculteurs se posent la question de savoir si ce qu’ils produisent est physiologiquement adapté à la nutrition humaine ou pas ? Il me semble pourtant fondamental de commencer par définir les besoins réels avant d’envisager une entreprise, quelle qu’elle soit.

Je ne suis pas végétarien et mon propos n’est pas de défendre telle ou telle orientation alimentaire. De la même manière que mon inclination en faveur de l’agriculture naturelle n’est pas dictée par une question idéologique, mais par une intuition intime que viennent renforcer les données concrètes sur le terrain et les connaissances scientifiques avérées.

Allons plus loin.

Si d’un point de vu alimentaire et médical l’excès de viande est contrindiqué, peut-être l’élevage se justifie-t-il du point de vu économique ? Pourtant, contre toute attente, il n’en est rien lorsque l’on prend la peine de creuser un peu la question.

Comme vous l’avez tous déjà certainement lu quelque part, il peut être démontré que l’énergie dépensée pour produire un kilo de viande, est plusieurs fois supérieur à l’énergie contenue dans ce même morceau de viande. De même, l’espace de champ requis pour élever une vache permettrait de produire une quantité énorme de fruits et légumes. Pour s’en donner une idée, il n’y a qu’à voir ce qui peut être produit sur une surface de 1000m² à la ferme du Bec Hellouin. Combien de fois cette même surface pour une seule vache, sachant que les fruits et légumes viennent tous les ans, là où l’animal met des années à arriver à maturité ?

Dans ces conditions, est-il judicieux d’investir dans une activité qui repose sur l’élevage ? Et que dire de la part que ce dernier prend dans la politique agricole française ?

Et là vous allez me dire que la France produit de la viande car les français en réclament. Ce qui est vrai. L’offre s’adapte à la demande et le consommateur est prêt à payer deux fois pour s’offrir le luxe d’une bonne tranche de lard. Une première fois indirectement, via les subventions d’état versées pour aider la filière porcine, et une seconde fois à la caisse du grand magasin où il engraisse au passage la grande distribution.

Comme nous l’avons vu plus haut, dans la mesure où notre régime physiologique est fait pour absorber un peu moins de 10% de protéines par jour, est-il judicieux de se gaver de viande ? Sachant qu’il s’agit là d’un aliment ultra protéiné ! Et je ne vous parle pas d’autres facteurs de dérèglement comme le stress qui inhibe les fonctions rénales ou les céréales qui engluent littéralement les intestins.

Mon intension n’est aucunement de faire peur, seulement d’attirer l’attention sur le fait que nous faisons entrer beaucoup de choses dans le corps, et qu’il lui faudra ensuite les évacuer. Si nous perturbons l’élimination de ces déchets métaboliques par d’autres pratiques, elles aussi non adaptées à ce que nous sommes physiologiquement parlant, alors nous aurons un jour ou l’autre besoin d’avoir recours à la chimie et aux médicaments afin de conserver un semblant de bonne santé.
Autant dire que nous nous empoisonnons à petit feu, surtout si la viande que nous mangeons est pleine d’hormones, d’antibiotiques, de colorants et de conservateurs divers et variés…

En somme et d’un point de vu symbolique, il n’est pas étonnant que de nos jours l’homme traite la terre et les bêtes comme un sagouin, puisque c’est ainsi qu’il traite son propre corps sans faire mine de s’en rendre compte.

Ce petit panorama rapide ne se veut pas spécialement alarmiste. Je ne fais là qu’énumérer les raisons qui m’amènent à penser qu’une activité économique reposant sur la production de viande (ou de lait), est non seulement pas rentable, mais qu’en plus elle est plutôt délétère pour l’être humain et son environnement.

Ce qui ne m’empêche pas de manger un bon steak haché de cheval de temps en temps et d’envisager l’élevage de poissons ou d’insectes.

Je ne suis pas un militant de quoi que ce soit, si ce n’est de mon propre épanouissement. Mais il me semble qu’objectivement, l’élevage généralisé et industriel tel qu’il est pratiqué aujourd’hui n’est pas compatible avec le dessein humain. Ni pour sa santé, ni pour la gestion de ses territoires agricoles, ni pour son économie de marché.

Beaucoup moins d’acides et beaucoup plus de bases. Autrement dit, plus d’intuition et moins d’intellect, voilà à mon sens le terreau idéal pour l’expression d’une humanité en bonne santé mentale et physique.

D’autres parviendront surement à d’autres conclusions par d’autres raisonnements. Je leur laisse la responsabilité de leurs choix et m’en tiens aux miens. Parfois ça peut être simple la vie.

Je ne mange plus aujourd’hui que des produits crus, le plus frais possible, et je nourris des vers de compost avec les épluchures et déchets de cuisine. J’espère très bientôt pouvoir déféquer dans de la sciure plutôt que dans de l’eau.

Est-il nécessaire d’en arriver à de tels extrêmes pour revendiquer la santé ? A cette question je dirai qu’il revient à chacun de faire ses propres expériences pour ne retenir au final que ce qui est bon pour lui. Ce qui convient à untel ne convient peut-être pas tel autre ou telle autre.

Personnellement, les données théoriques m’ont parues assez solides pour que je tente l’expérience du crudivorisme, et sans non plus en faire une religion, je m’y tiens et ça me réussi plutôt bien.
J’ai les idées plus claires et j’ai gagné en énergie. Je peux ainsi enrichir ce blog avec un point de vu assez proche de celui de Fukuoka, puisque dans mon esprit, l’agriculture est d’abord un état d’esprit, qui vient ensuite reposer (ou pas) sur des techniques agronomiques.

En remettant les choses dans cet ordre : un état d’esprit, puis une pratique adaptée, on devient alors en mesure de se poser des questions qui sortent un peu des chemins déjà battus : à quoi bon sophistiquer l’élevage des porcs en créant des surplus inutiles, si c’est non seulement pas rentable, mais qu’en plus c’est délétère pour la santé du consommateur et pour l’équilibre des régions ?

Pourquoi ne pas se contenter de quelques petites exploitations familiales où les bêtes sont élevées qualitativement plutôt que quantitativement ? D’autant que le porc peut s’avérer utile à la ferme pour recycler les déchets végétaux et pour travailler le sol en déterrant les tubercules… Sans parler de leurs déjections qui peuvent alimenter le cycle de l’azote à un endroit ou l’autre du système agricole.

Je termine ce message par un autre questionnement. Je suis peut-être un peu présomptueux pour prétendre m’attaquer à un mythe vieux de 12 000 ans, mais j’ose tout de même vous soumettre ce questionnement :

« pensez-vous que la nourriture tirée de la culture de céréales est compatible avec notre dessein d’humain ? »

Encore une fois, mon objectif n’est aucunement de convertir qui que ce soit à des idées toutes faites, ni de faire de la provocation gratuite, mais bien plutôt de m’interroger avec vous sur la pertinence de nos modes actuels de production alimentaire. Et en tant qu’élève de l’EAD (École d’Agriculture Durable) qui se destine à une reconversion dans le (non-)travail de la terre, j’estime que ces questions sont pertinentes et méritent d’être soulevées. Au moins une fois.

Bien cordialement,

Oromasus

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