Buttes en lasagne
Après une semaine en vadrouille dans la Nièvre, il fallait vraiment que je m’active pour préparer le sol du jardin. La mi-mars est passée et les premiers semis vont bientôt commencer. Suite à mes investigations sur le Forum francophone de permaculture de l’association Brin de Paille, J’opte finalement pour le principe des buttes en lasagnes. Je garde le dessin du plan initial, seulement je surélève les carrés de 35 à 40cm.
Cela va me permettre d’optimiser l’exposition au soleil en inclinant les buttes. L’apport d’une bonne dose de matière verte et brune favorisera la formation d’humus pour les prochaines années.
J’ai parlé avec le voisin qui s’occupait de l’ancien potager. La terre étant très argileuse, il a apporté plusieurs mètres cubes de sable dans le sol au niveau de la portion cultivée. Là où j’implante ma rotation en carrés. Malgré cela je prends le parti de ne pas planter directement dans le sol en place. Sauf pour les plants des légumes racines que je sèmerai à l’endroit où la terre est la plus meuble.
Dans un premier temps j’ai délimité les carrés, les allées, les bordures et les zones de culture plus étendues avec de la ficelle et de petits piquets. Tout en respectant le plan, j’ai revu à la baisse la largeur des allées qui passent de 80 à 50cm. Comme dit mon pote, on dirait un plan de fouilles archéologiques lol
Reste encore à habiller tout ça…

Les buttes en lasagne :
Voici le lien du site sur lequel je me base pour les lasagnes. Il m’a semblé être le plus complet et le mieux renseigné : natureln.librox.net
Je les cite :
Mise en œuvre des Lasagnes : soit on fait seul, soit on invite les copains pour leur aide et aussi pour leur faire découvrir la méthode, simpliste et amusante ; en ce cas chacun peut amener ses épluchures et son marc de café ou autres matériaux, on se retrouve ensuite pour un bon plat de… je vous laisse deviner !
- Acte I : poser les cartons bien à plat sur l’emplacement, en débordant largement, les faire chevaucher pour ne laisser aucun trou ; ajouter des journaux déployés et mouiller. Pour bien stabiliser les cartons, déposer une couche de tonte d’herbe
- Acte II : commencer par les matériaux bruns les plus grossiers : broyat de branches, paille, feuilles mortes… le tout bien humidifié (environ 8cm)
- Acte III : ajouter les matériaux verts (environ 5cm)
- Acte IV : ajouter les matériaux bruns les plus fins : feuilles, paille ou foin, feuilles bien décomposées, marc de fruits, fumier… (environ 8cm)
- Acte V : couvrir complètement avec du compost bien mûr et du terreau, y compris les côtés (environ 8cm)
- Acte VI : arroser en pluie fine
Remarque : utiliser ce qu’on a : tout ce qui est dit ici ou ailleurs est à suivre selon ce qu’on a sous la main, les couches de matériaux peuvent être plus alternées et donc plus fines, à chacun de voir.
Les Lasagnes sont prêtes à recevoir les plantations : soit vous plantez tout de suite (si les amis sont là, ils veulent voir le résultat !), soit vous attendez une éventuelle chauffe du tas pendant environ 15 jours.
Comment se procurer les matériaux ?
J’ai trouvé du carton près de chez moi, la N14 (ancienne voie romaine) qui passe par Herblay est devenue une grande zone commerciale avec une enfilade de grands magasins. Dans la grande benne de l’un d’eux, j’ai trouvé de grands cartons.

Pour le papier journal, j’ai un ami qui bosse dans un centre de distribution de presse. Je le vois lundi à son taff pour récupérer des piles de vieux journaux qui partent à la benne. Le papier journal va me permettre également de me confectionner des godets pas chers et biodégradables. A placer directement en terre, sans perturber les racines qui se fraieront très vite un passage à travers le journal en décomposition.
J’ai trouvé quelques restes de tonte d’herbe sur un petit terrain vague près de chez mes parents. J’ai rempli environs un sac et demi de déchets verts, mélange de terre, de résidus d’herbe et d’herbe compostée. Demain soir c’est le ramassage après le week-end, je vais faire une tournée dans les zones pavillonnaires pour compléter mon stock de déchets verts. J’ai déjà récupéré un demi sac de coupes fraiches et un sac de taille de rosiers dans la rue hier après-midi.



Sur le même emplacement, j’ai rempli quatre autres sacs de petits branchages et de feuilles mortes qui vont m’assurer les matériaux bruns. J’ai récupéré quatre autres sacs de branchages et de feuilles en cours de décomposition chez un ami et voisin.




Toujours au même endroit, j’ai trouvé un gros tas de déchets qui doivent s’accumuler ici depuis quelques années. J’espère en creusant y découvrir de l’or bien noir ^^. Du coté de la mairie et de la déchetterie, c’est malheureusement compliqué d’avoir des infos pour savoir où pouvoir récupérer du compost mur. Mais j’ai un autre pote qui me propose de le débarrasser de son tas qu’il n’utilise pas et qui s’accumule depuis cinq ans au fond de son jardin.

Mardi après-midi je monte chez des amis dans le Vexin. Le paysan laisse des tas de fumier et de compost sur le bord des routes, et d’après mon amie, il est possible de venir y piocher. J’espère compléter mon stock de compost et me faire quelques beaux sacs de fumier.
J’ai pour finir acheté 100kg de lombricompost et je compte ajouter quelques sacs de charbon de bois.

Organisation et mise en place des buttes :
Si tout se passe comme prévu la semaine qui vient, je devrais être en mesure d’attaquer la mise en place des buttes à partir de jeudi, en privilégiant les carrés de culture prévus pour la rotation des légumes. S’il me reste de la matière je pourrai couvrir également les bordures et les zones. Sans doute avec du carton, du papier journal et un simple paillis dans un premier temps…
Voici des schémas que je viens de réaliser pour illustrer ce que j’envisage de faire. Tout d’abord le principe de la lasagne selon http://natureln.librox.net/ :

Comme j’ai trois carrés par rangée, je compte faire trois variantes pour voir ce qui se passe dans les trois cas différents :
La butte A est une version simplifiée : sur le carton et l’herbe coupée, une couche de vert, une couche de brun et du compost + terreau.
La butte B est la version classique telle que décrite plus haut. J’ajoute en plus le charbon et le lombricompost.
La butte C repose sur une couche de fumier auquel j’ajouterai des vers de compost (Eisenia Andrei et Eisenia Fetida). Ensuite une alternance de vert et de brun + charbon, et une couverture à base de lombricompost, de compost et de terreau, comme pour la butte B.

Prochaine étape, la mise en place sur le terrain. Je viendrai vous illustrer ça en image dès que ce sera fait. Dans les allées je compte faire pousser du trèfle blanc et peut-être faudra t-il que je renforce le pied des buttes coté nord avec des planches de bois ou un petit muret de pierre..?
N’hésitez pas à me laisser vos remarques, conseils et commentaires.
Oromasus
Parlons-nous de la même chose ?
Bonjour à toutes et à tous,
Oui, la manière dont nous nommons le monde influe ensuite énormément sur la manière dont nous le pensons. Puis sur la manière dont nous nous comportons vis à vis de ce monde approximatif que nous nous sommes créés mentalement.
Pour la grande majorité d’entre-nous, cette création repose en vérité sur des couches superposées de sédiments mentaux : le résultat des multiples créations et des inventions cumulées, toutes issues de l’esprit fertile de nos vénérables prédécesseurs sur cette terre. En remontant s’il le faut jusqu’aux premiers pionniers qui osèrent défricher les sombres forêts d’Europe, voir au delà.
Même quand nous croyons créer, nous le faisons généralement en utilisant le matériel mental déjà disponible dans les grandes annales de l’humanité. Ce que certains appellent « l’inconscient collectif ». Mais les véritables créateurs sont rares. Peut-on dire d’ailleurs qu’ils le sont vraiment, puisque leurs découvertes les plus révolutionnaires découlent, d’une manière ou d’une autre, d’une intuition venue d’ailleurs. Ailleurs que l’intellect en tout cas.
Il s’agit ici de faits démontrés empiriquement et les témoignages de savants abondent en ce sens.
Les grandes découvertes viennent ainsi spontanément par l’intuition. Sans effort et dans un moment de calme et de décontraction. Ainsi le fameux « Euréka » d’Archimède, tout occupé qu’il était à se délasser dans son bain.
Le travail et le savoir faire du savant ainsi visité par une intuition géniale, sont ensuite bien utiles pour valider cette intuition en la confrontant aux données expérimentales. Ce qui est sur, c’est que les choses se passent bien dans ce sens : intuition, puis construction mentale afin de vérifier cette intuition.
Et nous savons qu’un jour ou l’autre, les différentes physiques (newtonienne, quantique, etc…) pourront se rejoindre en une compréhension globale et cohérente de l’univers.
Mais nous n’en sommes pas encore là. Et les freins qui retardent cette grande synthèse annoncée sont avant tout sémantiques. Si l’on ne se comprend pas sur les mots, comment pouvons nous espérer nous comprendre sur les idées ?
Tout ça pour dire, j’en reviens aux plantes, que je vois très bien où veux en venir Olivier Barbié (le fondateur de l’Institut Technique d’Agriculture Naturelle) et que je suis entièrement en accord avec son point de vu quand, à propos d’un concept aussi évident que celui de plante, il dit :
« Le noeud de la question, c’est se mettre d’accord sur les limites anatomiques de l’individu végétal. Je soutiens que le végétal n’est pas formé d’individus au sens où les humains entendent ce terme. »
Il propose donc une formulation plus adaptée aux principes même de l’agriculture naturelle. De fait, ce nouveau regard sur ce qu’est une plante, est en léger décalage avec l’image d’Epinal que nous nous forgeons collectivement quand nous parlons des plantes.
Et ce n’est pas là que jeux de mots et découpage de cheveux en quatre, car cette nouvelle façon d’envisager le végétal est aussi et avant tout plus juste.
Ce qui apparait évident lorsque l’on se confronte uniquement à ce qui EST dans la réalité. Sans pensées parasites. Juste nos sens, l’air et la plante directement…
Prenons nous encore le temps, entre deux bouquins de jardinage et trois fiches botaniques, de nous assoir tranquillement face à une plante, et de lui demander : « qui est-tu ? ».
Je réagis à cet échange, car en étudiant le comportement des plantes et en prenant conscience de l’importance du sol pour leur équilibre écologique (et vice versa), j’en étais venu à penser que les plantes avaient la tête en bas et l’estomac à l’extérieur du corps. Quand aux poumons, à bien y regarder, ils sont eux aussi externes et ils se déploient vers le soleil.
Ce qui n’est pas si absurde dans le fond.
Physiologiquement, tous les animaux descendent des premiers cordés. Ce sont à l’origine de petits anneaux vivants de cellules agglomérées, qui se sont allongés au fil du temps en répliquant ce modèle de base. Une forme que l’on retrouve chez beaucoup de larves d’insectes, ou chez les lombrics en particulier.
Nous autres humains ne sommes en définitive que des estomacs sur patte super-évolués.
L’intestin est d’ailleurs la partie du corps qui se forme en premier chez l’embryon humain, et tous les autres organes découlent par migration cellulaire de cette première structure centrale.
Ce n’est donc pas qu’une image ou qu’un jeu de mot, ni même une forme de dénigrement vis à vis de l’être humain, quand je dis que nous sommes des estomacs ultra-perfectionnés. Tout semble bien indiquer que c’est bien le cas, n’en déplaise à nos cerveaux gonflés d’orgueil et de vaines certitudes (remarquez que je ne parle pas de vous, mais de nos cerveaux).
Contrairement aux idées reçues, nos intestins et notre cœur sont ce qui soutient nos processus mentaux et notre intellect. Ce que savent bien les yogi qui méditent profondément sur leur corps. Les scientifiques devraient bientôt révéler au grand publique (petit morceau par petit morceau) ces secrets d’alcôve qui n’en sont déjà plus vraiment.
On se contente aujourd’hui de dire que l’estomac est un deuxième cerveau, pour ne pas brusquer les consciences. Mais la réalité, c’est que sans l’estomac pour nous nourrir, et dans une moindre mesure, sans le cœur pour mettre les nutriments en circulation dans le corps, tout le bel édifice s’effondre.
Bon nombre de troubles psychologiques peuvent d’ailleurs ainsi être résolus presque miraculeusement, en soignant tout simplement les intestins.
En tant que membre du règne animal, nous faisons passer les nutriments par notre lumière intestinale (l’estomac étant une portion spécialisée de ce « tube »), et ce sont les intestins qui font ensuite tout le boulot, pour qu’en fin de chaine, nos cellules soient nourries. Tout ce que nous ingérons pour nous nourrir passe par notre bouche, et ce dont nous n’avons pas besoin ressort par notre anus. Quant aux reins, ils sont chargés d’évacuer les déchets métaboliques produits à même le corps, ainsi que les trop plein de toxines liés à une alimentation mal adaptée.
C’est très schématique, mais nous retrouvons cette constante dans tous le règne animal.
Vous allez comprendre pourquoi je vous parle des animaux quand le sujet est les plantes et le sol. J’y viens :
Penchons nous maintenant sur le cas particulier des araignées : elles capturent leurs proies dans leur toile, les endorment, puis elles injectent l’équivalent de nos sucs gastriques dans le corps de l’insecte capturé. Ensuite, elles n’ont plus qu’à attendre que les acides agissent et liquéfient les chairs, avant d’ingérer tranquillement le produit de cette digestion externe.
Les araignées auraient-elles redécouvert une stratégie déjà adoptée par les plantes des millions d’années avant elles ?
Je reprends cette partie du message d’Olivier Barbié qui rejoint et vient confirmer mon intuition :
« Dans le sol, la limite entre couche morte et substrat est particulièrement floue. Au point qu’il est difficile de dire où s’arrête la plante. C’est comme si leurs viscères étaient invaginées. Imagine que ton ventre soit ouvert vers l’extérieur au lieu d’être un sac ? Où commencerait et où finirait ta flore stomacale ? Que penser des déchets de digestion ? Des cellules épithéliales mortes ? Des sucs digestifs rejetés dans environnement ? Surtout si tu vivait dans l’eau ? Notre point de vue est trop anthropocentrique. Je crois que c’est pour cela que nous avons tant de mal à comprendre les plantes et du même coup la nature exacte de ce qu’est le sol exploré par les racines. »
J’ajoute que nous ne nous comprendrons pas vraiment nous même, en tant qu’espèce et en tant qu’individu, si nous ne changeons pas aussi le regard que nous portons sur nous même.
Et si l’on prend un peu le temps d’y réfléchir, il apparait que nous ne sommes pas, comme la plupart d’entre nous le croient, des cerveaux dotés d’un cœur et d’un estomac. Nous sommes avant tout des estomacs, plus un cœur, dotés d’un tas d’organes, dont le cerveau, et capables de développer un intellect puissant.
La nuance est de taille.
Remettons les choses dans l’ordre, faisons un peu le ménage et redonnons un coup de neuf à nos représentations mentales, et le monde nous obéira à la hauteur de notre propre obéissance envers lui.
J’ajoute que je suis heureux de faire partie d’une école où il est encouragé de remettre en question les prémices même de la discipline étudiée. A la fois étudiant, chercheur et penseur, j’ai le sentiment de vivre quelque chose de véritablement enrichissant, comme si j’étais une sorte de pionnier des temps modernes, et cela sans forcément avoir à quitter la ville.
Merci à Olivier Barbié de nous inviter à partager cette liberté d’esprit qui l’anime. Pour ceux que l’agriculture naturelle intéresse, je redonne le lien vers le site de l’ITAN (Institut d’Agriculture Naturelle) :

Cordialement,
Oromasus
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Agriculture et alimentation
Bonjour à toutes et à tous,
Je reprends ici un fil de discussion commencé sur le Forum de l’ITAN dans le sujet : « Une maladie… Que faire en A.Naturelle ? ».
La question posée par l’un des élèves était la suivante :
« penses tu que la nourriture tiré de l’élevage est compatible avec notre dessein d’humain »
Je m’intéresse et me forme en ce moment à l’approche hygiéniste de la santé et en particulier de la nutrition (merci vivrecru.org). Le but général de ce courant étant de définir ce qui est physiologiquement adapté à notre organisme humain, tant d’un point de vu alimentaire que comportemental.
Le sujet peut sembler assez éloigné de l’agriculture, mais pourtant, le lien entre l’alimentation et la production de nourriture est fondamental. Ne serait-ce que pour le producteur qui désire s’adapter au consommateur.
Suivra t-il les petits désirs égotiques de ce dernier quitte à ruiner sa terre pour des questions d’argent, ou cherchera t-il à produire une nourriture de qualité en prenant en compte la santé de ses clients ?
Les hygiénistes nous exposent que le mot « omnivore » signifie que nous sommes capables de manger un peu de tout sans tomber malade. Ce qui est exacte.
Mais au sens strict, biologiquement parlant, quoi que potentiellement omnivores, nous sommes avant tout des frugivores. Autrement dit, nos organes d’assimilation des nutriments sont parfaitement adaptés à un régime composé essentiellement de feuilles tendres et de fruits biens mûrs, ce à quoi s’ajoutent quelques racines, un peu de viande, des œufs, et des insectes ou larves d’insectes trouvés de manière opportuniste.
Ça ce sont les données objectives. Mais l’homme est un animal subjectif et culturel, et quoi que bien plus rentable économiquement et plus sain pour sa santé, la consommation d’insectes n’est pas encore d’actualité en France. Et comment résister à une bonne tranche de jambon Corse ou à un petit verre de vin rouge me direz-vous ? J’en conviens, ce sont des petits plaisirs de la vie dont il serait difficile de se passer définitivement.
Autant dire que c’est l’ensemble de notre mode alimentaire qui doit être revus et corrigé si nous désirons nous conformer à cette notion de nourriture physiologique. A partir des prémices de l’hygiénisme, nous pouvons même nous poser la question : la nourriture cuite est-elle adaptée à nos organes de la digestion et de l’élimination des déchets ?
Selon une étude scientifique récente, si plus de la moitié de ce que nous mangeons à été cuit, alors le corps ne peut plus gérer l’excès de toxines qui stagne dans l’organisme. Il considère alors la nourriture comme un corps étranger et la traite comme tel.
En effet, la cuisson tend à dénaturer les aliments en favorisant les réactions chimiques. Une cuisson lente et à base température sera plus à même de conserver intactes les vitamines et les oligo-éléments, qu’une cuisson rapide au point d’ébullition. Sous l’effet de la chaleur, les produits se déshydratent (or c’est l’eau qui transporte les nutriments), et surtout, les molécules directement assimilables par le corps sont transformées en chaines plus longues dont le corps ne saura que faire.
En ce qui concerne les protéines, depuis leur découverte, les scientifiques en ont fait grand cas au point de créer une sorte de mythe moderne : « il faut manger beaucoup de protéines pour être en bonne santé ! ».
Il est pourtant démontré scientifiquement que pour un adulte, l’apport calorique moyen idéal se situe aux alentours de 80% de sucres, 10% de lipides et 10% seulement de protéines. De plus, ce ne sont pas vraiment des protéines dont le corps à besoin, mais bien plutôt d’acides aminés dont leurs chaines carbonées parfois très longues sont constituées. Et qui dit « très longue » dit aussi « très coûteuses en énergie pour être décomposées ».
Un excès de protéines épuise donc les organes internes comme le foi, les reins et indirectement le cœur.
Même si ces arguments sont trop nébuleux ou compliqués pour vous convaincre, voici un exemple qui parlera à tout le monde sans chichis : dans le lait maternel, le pourcentage de protéines est en dessous des 10%. Pourtant, les nourrissons élevés au sein ont une croissance normale. Voir même exceptionnelle quand on mesure la vitesse à laquelle ils grandissent.
Il ne s’agit pas ici de faire tout un exposé sur la physiologie humaine, mais juste de montrer que les modifications de notre mode de vie ont, au fil des millénaires, entrainé l’espèce humaine à s’éloigner du régime alimentaire de base qui était le sien. Ce qui expliquerai que malgré les avancées spectaculaires de la connaissance scientifique et des technologies médicales, nous connaissons actuellement une recrudescence de maladies dites « dégénératives » ou encore « auto-immunes », contre lesquelles nous sommes bien désarmés.
Je reviens donc à la question initiale, car elle est bien plus complexe qu’il n’y parait au premier abord : la nourriture tiré de l’élevage est-elle compatible avec notre dessein d’humain ?
Combien d’agriculteurs se posent la question de savoir si ce qu’ils produisent est physiologiquement adapté à la nutrition humaine ou pas ? Il me semble pourtant fondamental de commencer par définir les besoins réels avant d’envisager une entreprise, quelle qu’elle soit.
Je ne suis pas végétarien et mon propos n’est pas de défendre telle ou telle orientation alimentaire. De la même manière que mon inclination en faveur de l’agriculture naturelle n’est pas dictée par une question idéologique, mais par une intuition intime que viennent renforcer les données concrètes sur le terrain et les connaissances scientifiques avérées.
Allons plus loin.
Si d’un point de vu alimentaire et médical l’excès de viande est contrindiqué, peut-être l’élevage se justifie-t-il du point de vu économique ? Pourtant, contre toute attente, il n’en est rien lorsque l’on prend la peine de creuser un peu la question.
Comme vous l’avez tous déjà certainement lu quelque part, il peut être démontré que l’énergie dépensée pour produire un kilo de viande, est plusieurs fois supérieur à l’énergie contenue dans ce même morceau de viande. De même, l’espace de champ requis pour élever une vache permettrait de produire une quantité énorme de fruits et légumes. Pour s’en donner une idée, il n’y a qu’à voir ce qui peut être produit sur une surface de 1000m² à la ferme du Bec Hellouin. Combien de fois cette même surface pour une seule vache, sachant que les fruits et légumes viennent tous les ans, là où l’animal met des années à arriver à maturité ?
Dans ces conditions, est-il judicieux d’investir dans une activité qui repose sur l’élevage ? Et que dire de la part que ce dernier prend dans la politique agricole française ?
Et là vous allez me dire que la France produit de la viande car les français en réclament. Ce qui est vrai. L’offre s’adapte à la demande et le consommateur est prêt à payer deux fois pour s’offrir le luxe d’une bonne tranche de lard. Une première fois indirectement, via les subventions d’état versées pour aider la filière porcine, et une seconde fois à la caisse du grand magasin où il engraisse au passage la grande distribution.
Comme nous l’avons vu plus haut, dans la mesure où notre régime physiologique est fait pour absorber un peu moins de 10% de protéines par jour, est-il judicieux de se gaver de viande ? Sachant qu’il s’agit là d’un aliment ultra protéiné ! Et je ne vous parle pas d’autres facteurs de dérèglement comme le stress qui inhibe les fonctions rénales ou les céréales qui engluent littéralement les intestins.
Mon intension n’est aucunement de faire peur, seulement d’attirer l’attention sur le fait que nous faisons entrer beaucoup de choses dans le corps, et qu’il lui faudra ensuite les évacuer. Si nous perturbons l’élimination de ces déchets métaboliques par d’autres pratiques, elles aussi non adaptées à ce que nous sommes physiologiquement parlant, alors nous aurons un jour ou l’autre besoin d’avoir recours à la chimie et aux médicaments afin de conserver un semblant de bonne santé.
Autant dire que nous nous empoisonnons à petit feu, surtout si la viande que nous mangeons est pleine d’hormones, d’antibiotiques, de colorants et de conservateurs divers et variés…
En somme et d’un point de vu symbolique, il n’est pas étonnant que de nos jours l’homme traite la terre et les bêtes comme un sagouin, puisque c’est ainsi qu’il traite son propre corps sans faire mine de s’en rendre compte.
Ce petit panorama rapide ne se veut pas spécialement alarmiste. Je ne fais là qu’énumérer les raisons qui m’amènent à penser qu’une activité économique reposant sur la production de viande (ou de lait), est non seulement pas rentable, mais qu’en plus elle est plutôt délétère pour l’être humain et son environnement.
Ce qui ne m’empêche pas de manger un bon steak haché de cheval de temps en temps et d’envisager l’élevage de poissons ou d’insectes.
Je ne suis pas un militant de quoi que ce soit, si ce n’est de mon propre épanouissement. Mais il me semble qu’objectivement, l’élevage généralisé et industriel tel qu’il est pratiqué aujourd’hui n’est pas compatible avec le dessein humain. Ni pour sa santé, ni pour la gestion de ses territoires agricoles, ni pour son économie de marché.
Beaucoup moins d’acides et beaucoup plus de bases. Autrement dit, plus d’intuition et moins d’intellect, voilà à mon sens le terreau idéal pour l’expression d’une humanité en bonne santé mentale et physique.
D’autres parviendront surement à d’autres conclusions par d’autres raisonnements. Je leur laisse la responsabilité de leurs choix et m’en tiens aux miens. Parfois ça peut être simple la vie.
Je ne mange plus aujourd’hui que des produits crus, le plus frais possible, et je nourris des vers de compost avec les épluchures et déchets de cuisine. J’espère très bientôt pouvoir déféquer dans de la sciure plutôt que dans de l’eau.
Est-il nécessaire d’en arriver à de tels extrêmes pour revendiquer la santé ? A cette question je dirai qu’il revient à chacun de faire ses propres expériences pour ne retenir au final que ce qui est bon pour lui. Ce qui convient à untel ne convient peut-être pas tel autre ou telle autre.
Personnellement, les données théoriques m’ont parues assez solides pour que je tente l’expérience du crudivorisme, et sans non plus en faire une religion, je m’y tiens et ça me réussi plutôt bien.
J’ai les idées plus claires et j’ai gagné en énergie. Je peux ainsi enrichir ce blog avec un point de vu assez proche de celui de Fukuoka, puisque dans mon esprit, l’agriculture est d’abord un état d’esprit, qui vient ensuite reposer (ou pas) sur des techniques agronomiques.
En remettant les choses dans cet ordre : un état d’esprit, puis une pratique adaptée, on devient alors en mesure de se poser des questions qui sortent un peu des chemins déjà battus : à quoi bon sophistiquer l’élevage des porcs en créant des surplus inutiles, si c’est non seulement pas rentable, mais qu’en plus c’est délétère pour la santé du consommateur et pour l’équilibre des régions ?
Pourquoi ne pas se contenter de quelques petites exploitations familiales où les bêtes sont élevées qualitativement plutôt que quantitativement ? D’autant que le porc peut s’avérer utile à la ferme pour recycler les déchets végétaux et pour travailler le sol en déterrant les tubercules… Sans parler de leurs déjections qui peuvent alimenter le cycle de l’azote à un endroit ou l’autre du système agricole.
Je termine ce message par un autre questionnement. Je suis peut-être un peu présomptueux pour prétendre m’attaquer à un mythe vieux de 12 000 ans, mais j’ose tout de même vous soumettre ce questionnement :
« pensez-vous que la nourriture tirée de la culture de céréales est compatible avec notre dessein d’humain ? »
Encore une fois, mon objectif n’est aucunement de convertir qui que ce soit à des idées toutes faites, ni de faire de la provocation gratuite, mais bien plutôt de m’interroger avec vous sur la pertinence de nos modes actuels de production alimentaire. Et en tant qu’élève de l’EAD (École d’Agriculture Durable) qui se destine à une reconversion dans le (non-)travail de la terre, j’estime que ces questions sont pertinentes et méritent d’être soulevées. Au moins une fois.
Bien cordialement,
Oromasus
Le principe d’homéostasie
Bonjour à toutes et à tous,
Ce qui est bon dans l’époque que nous vivons (tout n’est jamais ni tout noir, ni tout blanc), c’est que la connaissance peut maintenant circuler librement. Il n’est plus besoin de se cacher derrière un langage codé et on ne risque plus sa vie à le faire.
De plus, en France aujourd’hui, le niveau d’instruction est tel que cette connaissance n’est plus réservée à une élite d’intellectuels triés sur le volet. Elle est accessible, en langage courant et moderne, disponible pour qui est assez curieux pour la rechercher par lui-même et assez souple d’esprit pour accepter momentanément de voir les choses autrement.
Descartes, avec Spinoza et bien d’autres, appartient à un courant de pensée très ancien. Un mouvement (à l’origine informel) que l’on associe, soit dit en passant, à la société secrète des roses-croix. Se prétendre cartésien ne suffit pas, et Descartes lui-même n’a révélé au monde que ce qui lui était permis de dire, compte tenu du contexte bien particulier de son époque.
L’essentiel de ma formation vient de ce fond là, qui est en quelque sorte la version occidentale de ce que sont les Shiva Sutra et le Shivaïsme du Cachemire en Inde. Un enseignement divulgué sous le manteaux, mais qui refait surface dès que les conditions deviennent plus clémentes et favorables.
J’ai été formé pour devenir un spécialiste de ces questions, et si affinité, pour devenir à mon tour formateur. Ce n’est pas l’envie qui m’en manque, mais à ce jour, les élèves intéressés par ce genre de sujets ne courent pas les rues. Je les applique donc à mon propre niveau, ce qui me convient très bien et m’amène à m’intéresser aux fondamentaux, et donc à l’agriculture.
La production d’une nourriture saine et nourrissante, est à ce jour, pour moi, la meilleur manière d’appliquer concrètement dans ma vie ce que j’ai appris par l’intermédiaire de la psychologie ésotérique.
Maintenant, si je peux en faire profiter les lecteurs de mon blog ou les élèves de l’ITAN, je pense que je suis capable de trouver les mots justes, de manière à ne pas non plus sombrer dans le mysticisme et la fantaisie. J’hésite toujours à aborder ces sujets, car j’ai peur d’effrayer les gens. Mais je suis ravis de partager cette connaissance dès que l’on m’en donne l’occasion.
Voilà à la suite, ce que je peux ajouter en ce qui concerne la maladie, et en particulier celle des plantes cultivées puisque c’était l’objet initial de ce message remanié en article :
Comme je m’intéresse en ce moment à la diététique et à la santé humaine, un parallèle peut facilement être fait avec la santé des plantes. Que ce soit pour les humains, les animaux ou les plantes, lorsque l’on parle de santé, une des notions fondamentales à comprendre est celle d’Homéostasie.
Il y a un passage dans ce qu’à écrit une élève de l’ITAN, qui peut m’aider à développer cette notion :
« Les maladies du sol : elles y sont toutes à l’état de dormance, elles n’attendent qu’une chose, c’est qu’on leur prépare le terrain… »
Les maladies sont toutes à l’état de dormance. Ce qui signifie qu’elles sont là tout le temps, mais qu’elles ne le sont pas toujours de manière manifeste. Idem à l’intérieur de notre corps. Lorsque nous tombons malade, c’est parce que nous avons préparé le terrain pour que telle ou telle maladie passe de l’état « potentiel » à l’état « manifesté ».
Fort de ce nouveau point de vue, la maladie n’est dès lors plus un phénomène gênant qu’il nous faut combattre à grand renfort de produits chimiques ou de médicaments (pléonasme), mais le signe qu’un déséquilibre s’est produit. A nous d’en tirer les conclusions.
Idem pour les adventices ou les rudérales (les fameuses « mauvaises herbes »). Elles viennent, nettoient le sol là où certains nutriments s’accumulent, et semblent presque le préparer pour la venue d’autres espèces. L’ensemble concourant inexorablement à rétablir l’équilibre qui avait été rompu initialement par l’activité humaine, ou par des conditions naturelles bien particulières ou exceptionnelles.
Cette force, qui revient à l’assaut tel le ressac dès que l’on relâche l’attention, c’est l’homéostasie. Quand nous tombons malades, nous ne voyons que des symptômes gênants, là où n’existent que des processus naturels que le corps met en branle afin de rétablir son équilibre acido-basique.
En somme, et ce n’est pas là de la croyance ou de l’espérance béate, moins nous intervenons, et plus nous permettons à l’homéostasie de rétablir l’équilibre idéal que nous appelons « santé ».
Ce n’est pas une raison pour ne pas intervenir afin de sauver une récolte, ou pour soulager un malade. Mais plutôt que de se contenter de les traiter sans voir plus loin, remercions plutôt ces symptômes de nous prévenir qu’un déséquilibre s’est produit. Et surtout, cherchons la cause première de ce déséquilibre, cela afin qu’il ne se reproduise pas. Ou qu’il ne ressurgisse pas de manière plus problématique ailleurs…
Dès lors que nous la reconnaissons pour ce qu’elle est et que nous la favorisons, l’homéostasie naturelle du sol opère, année après année. Même un sol maltraité possède la capacité de se régénérer avec le temps. Combiné à l’expérience d’un agriculteur connaissant bien son sol, ou d’un être humain connaissant bien son corps, l’homéostasie naturelle permet de tendre vers l’idéal recherché, qui est de rester en bonne santé.
Je m’aperçois qu’il faudrait de longs développements pour traiter le sujet comme il se doit. Je n’en trace ici que les grandes lignes.
Ce n’est pas de la magie, c’est un principe naturel qui semble même omniprésent dans le monde du vivant. Après avoir été blessé, le corps possède la capacité innée de se reconstituer. Le sol aussi…
Tirons partie de cette faculté et intégrons là dans notre réflexion agronomique et médicale. Je crois que c’est l’essence même du point de vu de Fukuoka.
Cordialement,
Oromasus
Renouée bistorte (Polygonum bistorta)
Renouée bistorte (Polygonum bistorta)
Il existe deux manières opposées et complémentaires d’appréhender les plantes.
Dans l’idéal, ce sont les parents et l’entourage qui par l’exemple vivant apprennent à l’enfant quelle plante se cueille et en quelle saison, et quelle plante ne doit en revanche jamais être consommée. Pour un néophyte, rien ne ressemble plus à une plante qu’une autre plante. Mais pour quelqu’un dont l’œil est éduqué, chaque plante devient comme familière.
Il est possible alors de les reconnaitre aussi facilement que les centaines de visages que nous sommes capables d’identifier au cours de notre vie.
Si comme moi vous appartenez à la lignée humaine qui s’est coupée de cette connaissance, alors il est fortement recommandé de passer par l’approche botanique.
Apprendre à reconnaitre les plantes à partir de bouquins, de forum, ou en fréquentant des botanistes, et dans le même temps se confronter à la réalité du terrain en observant les successions végétales au fil des saisons, c’est la voie la plus plaisante, la moins coûteuse et la plus efficace que j’ai trouvé.
Pour un cueilleur, il ne suffit pas de savoir que telle ou telle plante est comestible. Il faut aussi savoir quelle partie récolter, à quel stade du développement de la plante, comment la cuisiner ou l’utiliser, quelles sont les contre-indications, sur quoi agissent les éventuels principes actifs…ect.
Un savoir qui ne s’improvise pas.
La renouée bistorte, je la connaissais pour l’avoir déjà vu dans des bouquins et sur des sites internet. Je ne l’avais jamais rencontré en situation.

Il y a de cela deux semaines, je suis retourné dans une friche que je visite régulièrement. C’est un ancien champ cultivé, en zone non constructible, en bordure de forêt, et il semble à l’abandon depuis au moins dix bonnes années, si ce n’est pas vingt. Dans les hauts de Cormeilles-en-Parisis, pas très loin de chez moi, c’est un endroit préservé et très intéressant pour un étudiant en botanique.
J’y retournais en cette fin d’été pour voir comment les choses avaient évoluées. Le champ est en ce moment littéralement envahit par des vergerettes qui montent jusqu’à 1m80 voir 2m et qui libèrent des peluches blanches quand on les bouscule (de petites graines sèches et ailées appelées akènes, caractéristiques de la famille des astéracées à laquelle appartiennent le pissenlit et la vergerette). J’ai donc contourné le champ en longeant le bois.
C’est là que je l’ai trouvé la renouée bistorte, au milieu d’une importante touffe de prêle. Je n’ai pas encore scrupuleusement vérifié, mais il me semble bien que c’est de la prêle des champs.

Le temps n’était pas très lumineux avec cependant quelques percées du soleil. Ce qui oblige à corriger les réglages de l’appareil en permanence. Les photos sont donc un peu sombres mais finalement, retouches numériques aidant, elles ne sont pas si mal.
Pour les caractéristiques et les caractères bio-indicateurs, je me réfère à l’encyclopédie des Plantes bio-indicatrices (alimentaires et médicinales) de Gérard Ducerf. Une série de bouquins utiles tant pour les agriculteurs que pour les cueilleurs sauvages.
Pour les identifications et les recettes, j’ai mes quartiers sur le forum « mangez des mauvaises herbes » : www.mauvaisesherbes.org dont j’agrémente la base de donnée de mes photos.
En observant quelles plantes poussent à un endroit donné, il est possible d’en apprendre sur la structure de ce sol, sur sa vitalité, son Ph, sur les éléments qu’on y trouve en abondance ainsi que sur les éventuelles carences ou engorgements en eau ou en matières polluantes…
En somme, à partir de l’effet il est possible de déduire la cause sans avoir à creuser la terre. Les plantes sont encore les mieux placées pour nous parler de notre sol.
Ici, tout en haut du champ, en bordure de forêt, qui plus est en bas d’une pente puisque les arbres poussent à flanc de coteaux, il s’est formé comme une petite cuvette dans laquelle prospèrent la renouée bistorte et les prêles.

Ce sont en effet deux plantes qui aiment les sols engorgés en eau et en matières organiques d’origine végétale. De plus, la renouée bistorte pousse volontiers en altitude, et bien que nous ne soyons pas non plus en montagne, la butte de Cormeilles culmine à plus de cent mètres au dessus du niveau de la mer. Je suis d’autant plus fiers d’en avoir trouvé en région parisienne, que c’est une espèce en voie de raréfaction.
Autant vous dire que j’ai abordé cette plante avec respect, en évitant de perturber son environnement, et en me contentant de prendre des photos.
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Comment la reconnaître ?
De la famille des polygonacées, c’est une plante vivace herbacée, ce qui signifie en clair qu’une fois implantée elle vit plusieurs années sans qu’il soit nécessaire de la ressemer et qu’elle ne forme pas d’écorce. Je ne sais pas exactement quelle est sa durée de vie ? Elle possède une souche épaisse dont on dit qu’elle est « deux fois tordue » : bistorte.

Elle mesure entre 20 et 80 cm avec un port souvent affaissé.




Les feuilles sont simples, alternes, elles poussent en alternance sur la tige et non pas deux par deux, vertes, brillantes, lancéolées et glabres, autrement dit en forme de fer de lance et non poilues, glauques et pubérulentes en dessous, c’est à dire vert pâle avec de petits poils éparses.




Le bord des feuilles est rude et non roulé, les inférieures largement oblongues obtuses, à limbe brusquement rétréci et décurrent sur le pétiole, les supérieures acuminées, sessiles-embrassantes. Le pétiole est munie d’une gaine membraneuse non ciliée à la jonction avec la tige.
Traduction : le limbe, c’est la partie verte de la feuille. Le pétiole, c’est en quelques sortes la queue de la feuille. Dans ce cas le limbe est dit décurrent, car il se prolonge le long de la queue et du renflement que celle-ci forme au niveau de la tige. Le limbe est dit acuminé pour les feuilles supérieurs car elles sont très pointues.
Quand les feuilles n’ont pas de queues et qu’elles poussent donc directement à partir de la tige, elles sont dites sessiles. Dans ce cas particulier elles sont qui plus est embrassantes en haut de la tige. Le terme parle de lui-même tout comme les photos.




Les fleurs sont roses et rassemblées en un épi terminal oblong-cylindrique et compact, large de 1 à 3 cm. Il doit être possible avec une bonne loupe d’observer qu’elles présentent 8 étamines saillantes, l’organe reproducteur mâle, et 3 styles libres pour l’organe femelle.





Les fruits, de 4 à 5 mm sont en forme de pyramide et d’un brun luisant.
J’espère ne pas avoir commis d’erreurs, si c’était le cas, les botanistes de passages ne manqueraient pas de laisser un message pour rectifier.

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Comment l’utiliser ?
La plante est utilisée en phytothérapie pour sa richesse en tanins. Cette famille de composés chimiques possède la propriété d’absorber les liquides (ils sont astringents) ce qui est utile pour assécher une muqueuse, absorber un poison, coaguler une plaie ou réduire un hématome. En revanche ce sont des substances très amères, ce qui peut limiter l’usage alimentaire.
Les feuilles écrasées peuvent être employées pour arrêter un saignement ou pour aider à la guérison d’une blessure.
Après macération, le rhizome, c’est à dire la racine traçante de la plante, peut-être utilisé contre les inflammations des voies aériennes supérieurs : gingivites, angines, aphtes. Ses propriétés anti-inflammatoire ont été démontrées chez l’animal et ont été associées au 5-glutinen-3-one et au friedelanol contenus dans le rhizome.
La racine sert aussi à faire un vin tonique dont vous trouverez la recette sur internet dans Wikipédia si ça vous tente de faire l’expérience.
Toute la plante est comestible et très intéressante d’un point de vu nutritionnel.
A moins qu’elle n’ai tendance à gagner du terrain tous les ans, j’éviterai d’en consommer le rhizome. Premièrement parce que récolter les rhizomes, cela signifie aussi détruire une partie la plante. De plus, leur saveur amère prononcée oblige à les consommer cuit dans deux eaux. Il furent cependant utilisé par le passé en cas de disette, car ils peuvent se récolter pour faire la jonction entre la fin de l’hiver et le début des premières feuilles vertes printanières.
A tester donc pourquoi pas de temps en temps si elle est abondante, en laissant macérer quelques rhizomes une nuit puis en la faisant cuire doucement dans un cuiseur solaire, il y a peut-être moyen de conserver les vitamines et les nutriments tout en évitant l’amertume ?
Les feuilles sont les meilleurs du genre polygonum, auquel appartiennent la renouée des oiseaux et la renouée du Japon. Ni astringentes, ni amères, elles sont traditionnellement consommées dans de nombreuses régions. A tester crues dans une salade composée pour les plus jeunes pousses.
En vieillissant elles deviennent plus amères. Comme pour les racines, et il faut alors les cuire jusqu’à ce qu’elles s’adoucissent.
ATTENTION, ce taxon est protégé ou soumis à réglementation en région Ile-de-France, en région Pays-de-la-Loire, en région Nord-Pas-de-Calais, en région Centre.
Etude de rentabilité d’une ferme biologique en permaculture
Étude de rentabilité d’une ferme biologique en permaculture
Bonjour à toutes et à tous,
Il s’agit là d’une réflexion et d’une invitation au débat à propos d’une étude menée à la ferme du Bec Hellouin en Normandie pendant l’année 2012. Le PDF du rapport intitulé : « Maraîchage biologique permaculturel et performance économique« , est disponible en téléchargement à cette adresse : http://www.terraeco.net/IMG/pdf/Etude_marai_chage_permaculturel_-_Rapport_interme_diaire_2013-1.pdf.
Il ne s’agit pas là d’une « ‘agriculture naturelle » au sens strict. De plus, l’assujettissement de la nature aux besoins, non pas de l’être humain, mais à ceux du marché, y sont monstrueusement prédominants.
Ce qui s’explique tout autant par l’état d’esprit particulier des propriétaires que par celui bien conforme à l’esprit du temps des représentants légaux chargés de valider l’enquête.
Cette étude à le mérite d’être menée et n’en reste pas moins très intéressante pour un étudiant en agriculture naturelle. Elle montre qu’un système organisé selon les principes de la permaculture biologique, peut s’avérer tout aussi rentable, sinon plus, que les cultures industrielles à grande échelle. Et cela au cours d’une année de récolte médiocre et malgré les instabilités du marché. Tout y est fait manuellement, ce qui écarte de l’équation les investissements lourds dans de l’outillage spécialisé.
Au Japon, Fukuoka a déjà démontré il y a de cela plus de quarante ans, que c’était possible pour des céréales et des agrumes en agriculture naturelle. Mais à ma connaissance, aucune étude n’avait encore été officiellement menée dans ce sens en France.
Ce que je trouve effrayant, c’est qu’on y ramène la rentabilité d’un champ de 1000m², à la question fatale du taux horaire travaillé. Ce qui semblera logique à tout le monde puisqu’il s’agit là de l’unité de mesure appliquée dans tous les secteurs du travail déclaré.
Et l’agriculteur est un travailleur déclaré comme les autres, c’est entendu…
Dans ce cadre fixé par des générations de citadins déracinés, un paysan ne peut plus se contenter d’être un humain qui paye la dîme tout en subvenant à sa propre subsistance et à celle de ses proches et voisins. Il est forcément un travailleur en phase de rejoindre le club déjà surpeuplé des consommateurs boulimiques.
Il doit donc justifier de ce titre et compenser tous ses nouveaux besoins par une charge de travail correspondante : ce qu’il est communément admis d’appeler « travail ». Le temps consacré à cette tâche est divisé en heures et le salaire (qui n’est même plus payé en espèces sonnantes et trébuchantes) est calculé par rapport aux bénéfices financiers générés par la dite activité.
Je suis peut-être un poil traumatisé par les fantômes du passé, mais en trame de fond j’y vois un gouvernement sautant sur l’aubaine pour faire travailler les chômeurs à moindre frais, dans des systèmes bien planifiés où l’improvisation est réduite au minimum.
Ce qui serait déjà, il faut le reconnaitre, une avancée majeur dans le bon sens comparé à la situation actuelle.
Tout n’est jamais ni tout noir ni tout blanc, et cette étude promet d’être une petite brèche supplémentaire dans la croute solide de nos présupposés sociaux.
Car d’un autre point de vu, ce rapport est très encourageant pour ceux qui comme moi tendent vers une installation en Permagriculture naturelle (je revendique la pérennité sur le terme et vais de ce pas en déposer le brevet ! lol) Il va maintenant nous être possible de nous appuyer sur ce premier rapport de terrain officiel, pour défendre la pertinence d’un projet permacole en agriculture naturelle. Ce qui est la manière moderne pour dire « paysan ». ^^
La documentation à disposition sur le site de l’ITAN (Institut Technique d’Agriculture Naturelle) est un autre atout qui peut contribuer à convaincre un conseil d’administration ou des élus au niveau communal, départemental, ou dans le cadre d’un parc naturel régional, du bien fondé de l’agriculture naturelle. Surtout si j’ai les diplômes dans mon dossier.
Reste la question de l’aspect extérieur du champ : il est dans la plupart des cas bien plus rationnel de cultiver une friche comestible, que de travailler dur à monter des buttes de culture, à délimiter de belles planches bien rectilignes, à désherber, voir à amender ou à traiter la terre dans certains cas.
Pourtant, le champ risque d’être avant tout jugé sur son aspect extérieur par les représentants de l’administration légale.
Nous vivons dans le siècle, il nous faut nous adapter au mode de pensée dominant si nous ne voulons pas nous cantonner à la marge du monde « civilisé » et vivre dans la lutte permanente.
En faisant les choses dans les règles avec intelligence, il est je crois possible de contourner les éventuels obstacles administratifs. Pourquoi ne pas investir par exemple dans un terrain en grande partie hydromorphe ? Il coûtera moins chers à l’achat et au moins les buttes et les éventuelles installations de drainage seront justifiées. Il sera peut-être même possible de concentrer les écoulements d’eau vers un ou plusieurs bassins de retenue, bien disposés en fonction des pentes et des surfaces à irriguer, afin d’avoir des points d’eau naturellement répartis dans tout le champ ? Et pourquoi pas quelques poissons et plantes hygrophiles pour améliorer le quotidien quand les carottes tardent à venir ?
Ce sont là des facteurs non négligeables, surtout quand il s’agit de tout ramener à la rentabilité du champ par travailleur.
Pour 2013, le système administratif a su faire preuve de souplesse en adaptant ses procédures au cas très particulier du Bec Hellouin. Il ne s’agit pas d’une étude faite en laboratoire puisqu’elle est réalisée sur une véritable ferme en activité.
En 2012, le calcul de la rentabilité, déjà très prometteur, s’est fait sans tenir compte des variations du marché. Or, les 1000m² témoins fonctionnaient de la même manière que le reste de la ferme. C’est à dire que l’exploitation de certaines parcelles avait dû être ralentie faute de demande de la part des consommateurs. D’autres au contraire, plus rentables, avaient monopolisé l’attention des cultivateurs…
On retrouve là des données conformes à ce que l’on peut attendre d’un système permacole, puisque les zones qui demandent le plus d’attention, sont aussi celles qui sont les plus proches de l’endroit où sont entreposés les outils et où vivent parfois les paysans.
Il faudra ainsi très certainement plusieurs décennies d’études et de controverses avant que les experts et les scientifiques n’en arrivent ébahis à la conclusion que les anciens avaient déjà en grande partie tout compris. Et pour cause, puisqu’ils n’avaient pas d’autres choix s’ils voulaient survivre !
La science et la connaissance accumulées en ce début de millénaire, mises au service du pragmatisme et du bon sens ancestral, voilà qui me parait être un parfait compromis pour l’avenir. D’autant que j’y vois aussi la promesse d’une spiritualité ressuscitée, sans qu’il y ai besoin pour cela de passer par l’étape glissante d’une quelconque religion.
Mais revenons pour conclure à nos carottes et à ce qui nous occupe aujourd’hui :
Pour 2013, l’évaluation au bec Hellouin se fera sur une culture encore plus intensive, car toutes les parcelles seront exploitées à plein régime tant que dureront les relevés et quel que soit l’état du marché. Ce qui permettra d’estimer le potentiel productif d’un ensemble de cultures sous couvert arboré, organisées de manière permaculturelle et cultivées manuellement sur le mode biologique.
L’étude durera cinq ans il me semble, ce qui permettra à terme d’avoir quelques statistiques et de lisser les variations climatiques dues à un été pluvieux ou à un hiver exceptionnellement froid.
Bonne fin de journée,
Oromasus
Morelle noire (Solanum nigrum)
Morelle noire (Solanum nigrum L.)
A la fin du printemps, l’ami chez lequel je jardine a nettoyé et repeint un mur de son jardin et taillé les thuyas qui le longent. Le soleil arrivant dès lors jusqu’au sol, j’ai remarqué il y a quelques semaines une plante qui prospérait à cet endroit.
Je pensé tout d’abord qu’il s’agissait de petites pousses d’amarantes, mais en grandissant, il est apparu évident que ce n’était pas le cas. Et puis elle a donné une petite fleur qui tout de suite m’a fait penser à la morelle douce-amére.
Quelques jours plus tard, j’ai emmené des amis en balade dans un des lieux de cueillette que je fréquente. Tandis que je prenais des photos, j’ai retrouvé mon inconnue non loin d’une petite colonie de chénopodes blancs. J’ai pu la photographier à loisir et en observer plusieurs pieds bien développés en plein soleil.
La fleur me rappelant la douce-amére et le fruit m’évoquant de toutes petites tomates vertes, j’ai donc recherché dans la famille des solanacées et découvert qu’il s’agissait de la morelle noire.
C’est une plante réputée toxique, mais elle ne l’est pas plus que la tomate ou que la pomme de terre. Les jeunes pousses sont même mangeables à condition de les faire cuire. Ce sont les baies surtout, qui une fois mures et bien noires se consomment crues.
Quelques jours plus tard, Je suis retourné sur le site dont je parlais plus tôt. C’est une friche d’environs trois ou quatre hectares qui est très intéressante, car sur une petite surface, elle présente plusieurs stades de successions végétales. Du sol bétonné qui se recouvre de terre à la forêt de grands feuillus, en passant par la prairie, les ronceraies et de petites zones de foret pionnière peuplées de buddléia ou de robiniers faux-acacias.
Tout au fond, là où le terrain laisse place au coteau qui surplombe la Seine et la forêt de St Germain, une grande maison en ruine a été détruite cette année. Il est resté à cet endroit un grands tas de gravats, ce pourquoi je ne m’y suis rendu que très rarement.
Mais ce jour là, en quête de fleurs de bouillon blanc, j’ai poussé jusque là.
Bien m’en a pris, car sur le tas de gravats, j’ai trouvé un petit champ de chénopodes blancs alternant avec devinez-qui ? Des tournesols et des dizaines de morelles noires en plein épanouissement.
Il y a trois semaines j’ai émis l’intention d’identifier une plante, et entre temps je la recroise à deux reprises et en trouve une station abondante. Une véritable rudérale qui pousse sur les déchets, compagne d’un de mes légumes sauvages de prédilection : le chénopode blanc.
Il n’en fallait pas moins pour que je rédige un article illustré de nombreuses photos.
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Comment la reconnaître ?
Il s’agit d’une plante herbacée annuelle, au port dressé ou étalé, qui peut atteindre de 30 à 70 cm. Sont mode de multiplication est endozoochore, ce qui signifie que les graines doivent être digérées par un animal avant d’êtres disséminées. C’est aussi une plante entomogame, c’est à dire qu’elle a besoin des insectes pour transporter le pollen jusqu’aux ovules.
La racine est fasciculée, mince, blanche et courte.
La tige est ramifiée, peu à pas poilue, verdâtre avec parfois des teintes violet foncé.
Les feuilles sont vert foncé, simples, alternes, ovales, plus ou moins sinuées ou dentées, pétiolées avec un pétiole plus court que le limbe, parfois légèrement ailées vers le limbe. Le limbe est presque glabre, entier ou grossièrement denté, avec des nervures secondaires en saillie dans la face inférieure.
Les fleurs sont monoïques, régulières, disposées en épis scorpioïdes à partir de ramifications de la tige. Le calice campanulé est à cinq sépales soudés, à lobes arrondis. La corolle blanche mesure de 5 à 10 mm et est deux fois plus longue que le calice. Les cinq pétales en étoile sont soudés à leur base. Les étamines sont jaunes et se dressent en colonne au centre de la corolle. L’ovaire est supère, globuleux, d’un diamètre ne dépassant pas 1 mm.
Les fruits sont de petites baies globuleuses (6 à 10mm), vertes puis noires à maturité et contenant de nombreuses graines. Les pédoncules fructifères mesurent entre 10 à 30 mm et sont à peine plus longs que les pédicelles recourbées.
(Source : http://www.mauvaisesherbes.org/
http://www.jfdumas.fr/La-morelle-noire-Solanum-nigrum_a138.html)

Semis en boulettes d’argile 01 : « Premier essai »
Semis en boulettes d’argile : « premier essai »
Bonjour à toutes et à tous,
Après de multiples tentatives de semis : en poquets enterrés, à la volée, en ligne recouvert de terreau, sous une couche de paillis, en godet, en terrine, je m’aperçois à quel point réussir la levée des graines et le bon développement des plantules n’est pas chose aisée. Pourtant certaines plantes comme la bourrache, l’arroche ou la roquette se sont ressemées d’elles mêmes sans soucis au cours du printemps.
Des sauvages comestibles comme le chénopode blanc ou l’amarante en ont fait de même.
Dans l’idéal, le jardin potager devrait presque entièrement se ressemer ainsi de lui même chaque année. J’ai récolté aujourd’hui, par exemple, une pleine enveloppe de graines d’épinards. Beaucoup d’entre elles sont tombées au sol pendant l’opération. J’ai bon espoir de les voir germer le moment venu pour une production d’automne.
Après cette petite session de récolte, je me suis attelé à la tâche du jour. Il existe une méthode que je n’ai pas encore testée : les semis en boulette d’argile tels que les pratiquait Masanobu Fukuoka pour ensemencer son champ de céréales.
Une recherche sur internet m’a permis de trouver plusieurs recettes. Il ne restait plus qu’à m’inspirer de tout ça, puis de me retrousser les manches et de me mettre à l’ouvrage.
Voici donc le premier d’une suite d’articles, qui me permettront de conserver en mémoire les tâtonnements et les résultats obtenus.
Un moyen également d’en faire profiter les internautes intéressés par cette pratique, et pourquoi pas de partager les retours d’expérience et les astuces ?
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La recette
Pour être juste, je dois dire que j’avais déjà tenté l’expérience il y a quelques mois en utilisant approximativement la méthode de Fukuoka. Je n’avais pas vaporisé l’eau comme il le préconise : les graines potagères étant généralement petites je ne l’avais pas sentis.
En dosant au jugé, je n’avais pas réussi à obtenir la bonne consistance de terre et le résultat n’avait pas été concluant. Je n’avais pas persévéré.
Voici ce que dit Fukuoka lui-même à propos de boulettes de graines dans son ouvrage « la révolution dans un seul brin de paille » :
Quand le riz est semé en automne et laissé découvert, les semences sont souvent mangées par les souris et les oiseaux ou bien elles pourrissent au sol et c’est pourquoi j’enferme les semences de riz dans de petites boulettes d’argile avant de semer. La semence est étalée sur un plateau ou une panière que l’on secoue dans un mouvent de va-et-vient circulaire. On la saupoudre d’argile finement pulvérisée et on ajoute de temps en temps une fine buée d’eau. Cela forme de petites boulettes d’environ un centimètre de diamètre.
« En un jour il est possible de faire assez de boulettes d’argile pour ensemencer environ deux hectares. Je trouve que là où les boulettes sont couvertes de paille, les semences germent bien et ne pourrissent pas même les années de pluie. »
Le deuxième procédé qu’il décrit me semble encore plus intéressant :
On fait d’abord tremper dans l’eau pendant plusieurs heures la semence de riz décortiqué. On la retire et on la mélange à de l’agile humecté tout en foulant des pieds ou des mains. Puis on presse l’agrile à travers un tamis en grillage de cage à poule pour le séparer en petites mottes. On doit laisser sécher les mottes un jour ou deux, ou jusqu’à ce qu’on puisse aisément les rouler en boulettes entre les paumes. Idéalement il y a une graine par boulette. En un jour il est possible de faire assez de boulettes pour ensemencer environ deux hectares. »
J’y reviendrai, car les essais « bille en tête » réalisés hier et aujourd’hui n’ont pas vraiment été satisfaisants. Comme nous allons le voir.
Première tentative :
Pour la première tentative, j’ai utilisé le procédé qui me paraissait le plus simple.
Il consiste à former d’abord une pâte homogène de manière à rouler unes à unes des boulettes d’argile parfaitement rondes. Ensuite, à l’aide d’un bâton bien dimensionné, j’ai pratiqué une ouverture dans l’un des flancs de chacune d’entre elles.
Une fois quelles furent toutes formées et ouvertes, j’ai pris de petites quantités de lombricompost que j’ai appliqué sur les graines en tapotant légèrement dessus. Ces dernières adhérant au compost humide, il ne me restait plus qu’à refermer l’ensemble de manière à obtenir de petites sphères d’un centimètre de diamètre, fourrées de graines.
Pour finir, j’ai inséré ces billes de compost garnies au cœur des boulettes d’argile éventrées, que j’ai de nouveau roulé entre mes paumes avant de les mettre à sécher.
Je me suis dit que ça ne ferait pas de mal d’ajouter du lombricompost maison afin de stimuler la venue des premières feuilles. Une recette trouvée sur Ekopédia préconise de mélanger du compost à l’argile. Est-ce une bonne solution ? Fukuoka se contentait semble t-il d’argile de son champ et de la fumure qu’y déposaient ses canards.
Le lombricompt est à mon avis un excellent fertilisant et j’en produis gratuitement tout au long de l’année. Autant donc l’utiliser.
Pour donner une idée de ses qualités : j’en ai laissé quelques kilos dans un sac plastique, à même le sol de la serre, et cela pendant plusieurs mois. Et juillet a été particulièrement chaud en 2013. Cela n’a pas empêché les petits lombrics de s’y développer et la matière est restée parfaitement humide et vivante.
Idéal donc à mon sens, pour aider les plantes à surmonter la phase délicate que représente le semi et la maturation des plantules.
Il m’a fallu du temps pour façonner ainsi une petite quantité de boulettes. Cet après-midi, elles avaient déjà bien séchées et avaient conservées une forme parfaitement ronde, solide et homogène. Le revers, c’est que l’opération s’est révélée bien laborieuse en raison du trop grand nombre d’étapes.
Deuxième tentative :
Deux poubelles, deux planches, les ingrédients à portée de main, j’étais bien décidé à améliorer le procédé aujourd’hui. Pour ce faire, rien de tel qu’un petit chantier au fond du jardin à l’ombre du sureau.
J’ai commencé par remplir une première soucoupe d’argile que j’ai réduit en poudre le plus fin possible.
J’ai ensuite mélangé les graines en choisissant un assortiment de légumes racines : de l’oignon blanc pour le printemps prochain, des carottes Rothild pour l’hiver, des radis de l’année dernière pour récolter dans un mois, ainsi que des choux-rave Lanro, des betteraves Forono, et des navets d’été pour une dégustation prévue pour le courant de l’automne.
Une grosse poignée du précieux lombricompost !
Il ne restait plus qu’à remplir un plein récipient d’eau et l’atelier boulette pouvait débuter.
On peut voir l’ensemble sur la photo suivante, ainsi que quelques boulettes réalisées la veille.
Modifiant la technique décrite un peu plus haut, j’ai commencé par former des petits tas avec le lombricompost et j’y ai imprimé un creux avec mon doigt pour accueillir les graines. Comme c’est les premières tentatives et que j’ai tout mon temps, je me suis appliqué à mettre un contenu équivalent dans chaque préparation. Deux radis, deux ou trois navets, deux oignons, deux choux-raves, quelques carottes et un groupe soudé de graines de betteraves.
Il ne me restait plus ensuite qu’à refermer le tout pour former une petite boulette d’environ 1cm.
C’est quand il m’a fallu enrober ces boulettes de compost avec de l’argile que les choses se sont compliquées. Je n’ai pas testé avec un vaporisateur en les roulant dans la poudre d’argile (ce que faisait Fukuoka) mais j’ai mouillé grossièrement ce dernier afin de former une pâte collante.
Celle-ci adhérait mal, n’avait pas une bonne consistance, et j’ai eu énormément de difficultés à rouler proprement les boulettes.
L’idée ne me semblait pourtant pas mal au départ. Elle demande moins d’étapes que la première méthode et la clé réside je pense dans le vaporisateur. Au final, j’ai formé environ 70 boulettes en 2h. Ce qui représente tout de même beaucoup de travail, de temps et d’attention.
Pour donner un aperçu du résultat en image, voici une photo qui permet de comparer les boulettes d’hier avec celles d’aujourd’hui.
A gauche, les boulettes de la veille déjà sèches sont bien rondes et solides. A droite, elles n’ont qu’une fine couche d’argile cassante et sont bien moins homogènes.
Avant de tester la technique avec un grillage, je vais essayer de faire un mix de tout ça. Former des boulettes de compost remplies de graines n’est pas compliqué. Je les ferai juste un peu plus petites. Pour la suite, je me suis muni d’un vaporisateur. En roulant les billes dans l’argile humectée tel que je préconise Fukuoka, j’ai bon espoir d’obtenir de parfaites boulettes bien rondes et bien solides.
Je termine cet article avec quelques clichés des boulettes en situation, placées à même le sol dans la première butte de culture :
Lierre terrestre (Glechoma hederacea L.)
Lierre terrestre (Glechoma hederacea L.)
Il est venu de lui-même au jardin le lierre terrestre. Ce pourquoi je le classe parmi les plantes sauvages.
En 2012 je l’avais identifié pour la première fois, mais je l’avais systématiquement arraché partout où il empiétait sur les buttes de culture. Le voilà de nouveau, au rendez-vous dès les premiers rayons de soleil tardifs de ce mois d’avril 2013, formant un tapis, ici, au pied de deux oignons de l’année précédente.

Curieux, je me suis penché sur la question.
Il s’avère après examens, que le lierre terrestre est comestible et que comme bon nombre de lamiacées, il recèle des essences aux propriétés médicinales. Je l’ai donc laissé se développer en association avec les cultures pour voir ce qu’il advenait.
D’après Gérard Ducerf dans son encyclopédie des plantes bio-indicatrices, le lierre terrestre pousse naturellement en lisière de forêt ou dans les clairières, mais il affectionne également les bords de routes, les friches agricoles, les terrains vagues, les cultures et les jardins familiaux.
Il indique un sol engorgé en matières organiques d’origine végétale non décomposées, une faible teneur en azote et en matières organiques animale, et un sol plutôt humide.
En somme nous avons là une plante qui est vivace, qui tolère l’ombre des grands arbres, qui est rudérale, ce qui signifie qu’elle apprécie la présence des humains, qui protège le sol sans trop concurrencer les cultures, qui se récolte crue pour relever les jus et les salades, et qui peut se faire sécher pour confectionner des mélanges à tisane pour l’automne et l’hiver.
Une parfaite candidate à installer dans un jardin forêt nourricier, donc.
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Comment la reconnaître ?
Il s’agit d’une plante vivace herbacée, pas besoin de la ressemer, qui dépasse rarement les 30 cm. Elle se multiplie au moyen de stolons, capables de ramper et de grimper à l’assaut des obstacles, puis de s’enraciner au contact du sol pour donner naissance à de nouvelles tiges florales.

Elle sort de terre au mois de mars pour coloniser les sols encore à nu, puis forme peu à peu un tapis de verdure pour fleurir d’avril à juin.


La tiges florale est redressée, simple, longue de 5 à 30 cm.

Les feuilles sont opposées, pétiolées, en forme de rein ou de cœur, crénelées, vertes, molles et palmatinervées.




Les fleurs mauves à violettes, tachées de pourpre, sont grandes et odorantes. Elles sont réunies par 2 ou 3 à l’aisselle des feuilles supérieures et orientées du même coté. Le calice tubuleux, formé par 5 sépales soudés, est droit et à 5 dents un peu inégales.

La corolle bilabiée, longue de 15 à 20 mm, est à tube droit et saillant, à gorge dilatée.

La lèvre supérieure est dressée, plane, échancrée. La lèvre inférieure est à 3 lobes, dont le médian est en cœur renversé. Les 4 étamines sont rapprochées, ascendantes, les deux intérieures plus longues. Les anthères disposées en croix, sont à lobes divergents.

Le fruit est un tétrakène dissimulé au fond du calice.
(Source : L’encyclopédie des plantes bio-indicatrices / Alimentaires et médicinales, de Gérard Ducerf. Éditions Promonature)



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Le lierre terrestre en pratique (partie évolutive)
L’hiver de l’année 2013 s’est prolongé fort tard. Le lierre terrestre est de ce fait apparu tardivement, dans le courant du mois de mars. Il s’est surtout développé dans le bas du jardin et le long du chemin à l’est, là où les ruissellements d’eaux de pluies sont plus abondants. De là, il a commencé à se répandre à l’assaut des buttes et au pied des planches de coffrage.
Début avril il formait par endroits un tapis clairsemé, ne gênant pas les quelques légumes déjà levés.

Un mois plus tard, on le retrouve à peine plus haut tandis que la consoude à explosé et que les pissenlits ont déjà fait leurs graines.

Aucun problème dans ces conditions pour repiquer des légumes tels que ce chou Daubenton, à même le parterre de lierre terrestre. Étant donné que ce dernier ne s’enracine pas très profondément, il m’a suffit de l’arracher à l’endroit voulu. Par la suite, un éclaircissage régulier a été nécessaire afin de permettre au chou de respirer. L’occasion de faire quelques récoltes, soit pour agrémenter les salades de printemps, soit en grande quantité pour le faire sécher en prévision de l’hiver.
J’aurai tendance à penser que ses propriétés aromatiques lui confèrent un pouvoir répulsif sur certains insectes. Qui plus est, sa densité est sans doute un atout pour freiner les gastéropodes et les empêcher d’accéder facilement aux légumes cultivés.

Il s’est également progressivement installé à l’intérieur des carrés de culture à partir de ses rejets. Ce qui n’a posé aucun soucis pour les fèves déjà bien plus hautes à la mi mai.

Ici, toujours au mois de mai, on le retrouve au pied de la planche à droite, et au premier plan parmi les autres herbes spontanées. Cette partie du jardin étant encore largement ombragée à cette période de l’année, son développement y a été plus tardif et moins fournit.

Dans les carrés de cultures il s’est fait rare, hormis du coté est comme on vient de le voir. Etant donné que j’ai remué la terre afin d’installer les planches de coffrage, la terre y était partout restée à nu, soumises directement aux intempéries. Deux choux de l’année précédente étaient cependant restés en place. Sans doute cela a-il créé une zone plus humide et mieux protégée. toujours est t-il qu’il s’est plu à cet endroit où il a formé une belle touffe.
On peu apercevoir les tiges des choux en fleur qui en émergent. Nous étions alors fin mai.

Nous le retrouvons ici à gauche, poussant timidement au pied d’une carotte dans sa deuxième année.

Sur cette autre prise de vue du même endroit, on le voit en train de lancer ses stolons à l’assaut du carré de culture en arrière plan.

Un mois plus tard, début juin, il avait ainsi rejoint la petite colonie située au pied des fèves. Le soleil aidant, sa progression était alors impressionnante.

C’est dans la première butte, la zone la plus ensoleillée tout en bas du jardin, qu’il s’est développé en premier et que sa densité à été la plus importante. Très vite cependant, les consoudes on pris le pas en couvrant le sol d’une épaisse végétation. Un peu plus loin, nous pouvons le voir au pied des fèves et de la roquette, formant un parfait couvre-sol dans les intervalles.


En conclusion, sa présence n’a jamais posé de problème et j’ai pu, tout en le contrôlant, en récolter assez pour remplir un plein bocal de sommités fleuries séchées. Étant donné qu’il est vivace, j’espère qu’il gagnera encore du terrain l’année prochaine, pour former un couvre-sol protecteur dès les premiers jours du mois de mars.
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